Sortie vallée d'Aspe du 13 novembre 2012 - Boucle : vallon d'Anaye - sources du Marmitou - cabane de Lacure - retour plateau de Sanchez.
Texte de Dominique Morincome
Prévue à trois, cette randonnée fut modifiée par un appel du matin m'informant d'une défection de dernière minute causée par une articulation traumatisée de la veille.
Souhaitant bon rétablissement à notre ex-camarade de randonnée, nous partîmes donc en binôme : David et votre serviteur. Peu de participants : le thème "cartographie-orientation" y était peut être pour quelque chose : les représentations de chacun à propos de la carte et de la boussole ont-elles effrayées ?
H.08.00. Qu'importe : motivés par cette promesse d'une belle journée d'un automne finissant, à sonnantes au clocher du quartier de Départ (De part l'aïgue, en gascon c'est à dire de l'autre côté de la ville d'Orthez). David avait attentivement écouté la météo : beau temps avec du vent, nous allions être servis ...
H 09.20 : plateau de Sanchèze : dès l'ouverture des portières le vent nous salua : brrr !
Nous orientons la carte, pour prendre connaissance de quelques éléments de base : repérer les cours d’eau, les forêts ... Ouverte sur le capot elle s'échappe déjà de nos mains : la brise friponne se joue déjà de nous. Je range prestement l'attirail !
Habillés rapidement, (David est déjà prêt, debout à mes côtés) sacs au dos, nez au vent (!) et hop direction le rampaillot qui nous mène vers le vallon d'Anaye.
Nous nous arrêtons pour adapter la tenue et surtout pour contempler le paysage, un des objectifs de cette sortie. L'automne est bien là : teintes pourpres et fauves. Nous sortons quelques secondes nos appareils à capter la lumière qui nous donnent l'impression d'arrêter le temps. David reconnaît, en randonneur habitué, le bout du museau de l'Ossau. Clic-clac, nous repartons.
Les feuilles crissent légèrement sous nos pieds et nous masquent les cailloux instables du chemin montant. Nous glissons et trébuchons régulièrement : nous pestons intérieurement : la poésie de l'automne et de ses feuilles mortes en prend un coup !
Un petit instant de pause : avez-vous remarqué, en grimpant ce sentier, sur un rocher à main droite une inscription ? Surlignée en rouge (au minium) , une date : "1682" ainsi qu’une croix. « En l’an de grâce du Seigneur … ». Cette date indique certainement la date de l’établissement du tracé de ce sentier (ou de sa consolidation). En ces temps qualifiés «d’histoire moderne », le grand Louis tenait fermement les rênes du pouvoir et s’installait à Versailles, Le Mississipi et la Louisianne étaient nôtres grâce à Cavellier de La Salle. Les Aspois transactionnaient avec les Espagnols via le col d’Anaye ou de l’Insole. Les motivations de ce sentier n'étaient pas seulement pastorales ...
Dame nature nous étonnera toujours : l’hiver n’est pas une période de fin. Tout est prêt à revivre tels ces bourgeons naissants sur une branche au bord du chemin.
Nous cheminons régulièrement (400 mètres heures en montée, 500 mètres en descente, 5 kilomètres sur le plat ...tel est le menu à connaître par cœur du randonneur que l'on qualifie de "moyen").
H 09.50 : nous découvrons le vallon : flouf ! Une rafale nous salue et nous cueille, comme des fétus de paille. Nous baissons la tête et poursuivons, stoïques comme Sénèque pensant à son bourreau.
Question à vous tous, lecteurs d'un soir : y a t-il quelque chose qui vous surprend, marcheurs attentifs à l'entrée de cette vallée, vous qui allez, déterminés et néanmoins attentifs ????
Cherchez bien et écoutez ... Curieux, non ? Un bruit de torrent devant nous et un lit à sec ... Pourtant plus bas, une forte cascade se fait entendre ...
Il s'agit en fait d'une captation en aval dans ce réseau karstique et d'une résurgence plus bas.
Est-elle mentionnée sur la carte ? ...
Nous marchons vers les cabanes d'Anaye et y faisant une courte halte pour faire rapidement le plein d'eau et visiter l'une d'entre elles (peut-être futur abri nocturne pour projets hivernaux d'ascensions matinales, qui sait ?). En avant, tout droit : les sources du Marmitou nous attendent.
Quel vent ! Les herbes sèches secouées par le souffle hardi d'Eole nous font penser à une expédition dans la toundra. Nous invoquons Saint Winstoppeur (francisé pour l'occasion, l'Auréolé) pour qu'il nous protége …
Après avoir franchis quelques moraines, nous y voilà dans ce magnifique fond de vallée parsemé de pins à crochets, décoré ça et là de blocs erratiques et aujourd’hui encore enneigé des premiers flocons tombés il y a quelques jours.